Jour 2 – Disorder day
Un vent de rébellion va souffler sur la salle du Tanzmatten aujourd’hui avec une programmation « Le poing levé » !
Bob’Not Dead
J’arrive trop tard pour 1984 le premier groupe programmé aujourd’hui mais juste à temps pour Bob. Il a quitté son bleu de travail fétiche dans lequel je l’avais vu au festival Ardenn Rock en juillet. Je ne suis pas étonnée de voir déjà devant des centaines de personnes avec le sourire qui dansent et chantent à tue-tête. C’est l’effet Bob ! J’adore son humour, son autodérision et sa personnalité tantôt drôle tantôt tendre. Il ne peut s’empêcher de chambrer le public sur la proximité avec l’Allemagne, sort son kazoo et nous gratifie d’un concours de grimaces sur « Délit de sale gueule ».
La Solution
Les premiers à se produire sur la scène acoustique sont les belges de La Solution. Un duo punk acoustique que j’avais déjà croisé ici il y a quelques années. Leurs textes sont drôles mais engagés. Il n’y a pas encore trop de monde devant la scène, il fait beau et les gens chillent au soleil. Ils feront deux passages alors tout le monde en profitera.
Stinky
Il est 16h00 quand l’ouragan Stinky arrive sur la mainstage. Tout au long du set, leur punk hardcore est une véritable bombe d’énergie brute. Ils alternent violence et breaks aux refrains accrocheurs. Les nantais sont hyper speed et enchaînent les titres. On a droit à un survol des deux derniers albums sans oublier les derniers EP et « Moonbow » leur dernier single, un petit bijou du genre. C’est communicatif et le public jumpe autant qu’eux. Leurs textes traitent de sujets de société actuels comme celui de la transition de genre du chanteur Clair.
Acoustic Sabotage
Après la claque Stinky je file dehors prendre l’air et reposer mes oreilles avec un autre duo de guitaristes. L’un des deux est Mathieu du groupe Rebels Assholes. Ils étaient venus au RYBF il y a deux ans. Leurs morceaux sont mélodiques et entraînants.
Peter & The Test Tube Babies
J’ai déjà vu ce groupe légendaire de punk rock anglais chez Paulette et j’en garde un bon souvenir. Comme c’était en période d’Halloween ils avaient fait leur show masqués. Cette fois on voit leurs visages et Peter est en grande forme, il communique beaucoup avec le public ce qui donne un aspect intimiste au show. Le batteur tape plus vite que son ombre. On est dans un pogo géant et la sécu est bien occupée avec la marée de slams qui déferle. Le premier rang est garni de fans anglais ravis. Le groupe tourne depuis 1977 et nous gratifie de leurs classiques, pas de doute les bébés éprouvettes ne sont plus tout jeunes mais toujours aussi puissants et efficaces.
Lofofora
J’ai un peu de temps avec de voir – et même revoir – Lofofora alors j’en profite pour faire un petit tour dans le grand hall du Tanzmatten. C’est très sympa, je croise des artistes qui flânent, font des selfies, discutent avec leurs fans. Tous jouent le jeu, c’est la particularité des festivals à taille humaine, tu peux échanger avec les groupes qui sont très abordables. Dehors je vais tailler une bavette avec Forest Pooky qui va bientôt se produire sur la scène acoustique. Mais les choses sérieuses reprennent et c’est parti pour Lofofora. Reuno le metalleux à l’esprit punk dénonce depuis 30 ans les aberrations de notre époque et défend des causes qui nous parlent. Il interrompt le concert quand il voit des mecs agressifs dans le pit et leur ôte vite l’envie de recommencer – « Battez- vous pour les bonnes raisons ! » – Il invite Clair de Stinky à reprendre « Scratch The Surface » de Sick Of It All avec eux pour un final détonnant. Reuno est le meilleur frontman français. Il sait chauffer le public à blanc, donne l’impression de s’adresser à chacun.
Forest Pooky
Artiste complet et globe-trotter qui a donné plus de 1100 concerts sur les 5 continents, Forest a œuvré dans The Pookies, The Black Zombie Procession, Sons of Buddha et d’autres. Je l’ai vu en quartet et aussi avec Supermunk récemment. Il sort un album bientôt avec Cooper The Band, un hyperactif je vous dis, avec un CV long comme le bras. Le public est bien présent devant la scène acoustique et ceux qui le découvrent sont séduits par ses belles mélodies punk folk aux influences pop. On tombe sous le charme de sa voix et de son humour. Il casse 2 cordes à la suite et c’est parti pour chronométrer le temps qu’il met pour les changer, nouveau prétexte pour plaisanter avec nous.
Svetlanas
C’est maintenant l’heure pour moi d’aller découvrir ce groupe d’origine russe mais basé à Milan et surnommé « le plus dangereux du monde ». Je ne sais pas si ce surnom est justifié mais la frontwoman Olga occupe toute la scène. Son attitude provocatrice avec son look en sous-vêtements de velours, ses bas résille, ses dreads orange et son corps tatoué transforme le public masculin du Tanzmatten en loups de Tex Avery avec la langue qui traîne par terre ! Ce groupe à l’esprit rebelle revendique une meilleure justice sociale. Leur thrashcore punk électrise tout le monde et l’énergie inépuisable d’Olga y est pour beaucoup.
Jamie Clarke’s Perfect
Sur la scène acoustique le défilé des légendes continue avec Jamie – ex guitariste des Pogues –
Il reprend du Johnny Cash et des titres des Pogues avec un « Dirty Old Song » d’anthologie. C’est blindé de monde devant la scène pour danser et chanter avec lui. Il est rejoint à la fin par Pierre Lavender (ex Frantic Flinstones) et ce chouette moment de Folk-A-Billy me semble bien trop court.
Cockney Rejects
Quand je parlais de concentré de légendes sur cette édition 2024 ça continue avec Cockney Rejects. Avec dans le line up pour accompagner Jeff-Stinky-Turner au chant : pas moins que Olga des Toy Dolls à la guitare, JJ Kaos à la basse ( The Last Resort, Cock Sparrer, Anti Nowhere League) et à la batterie Ray Bussey (Knuckle Dust, Deadline, The Outfit entre autres…). C’est leur unique date en France et ce groupe de punk rock compte bien marquer les esprits. Ils enchaînent 19 morceaux en une heure, le rythme est infernal. Stinky garde les poings serrés, boxe dans le vide et sautille tel un boxeur sur le ring. Olga est tout en sourires et jumps légendaires. Bref un super concert d’un super groupe !
Nashville Pussy
Il est minuit et c’est l’heure du show de Nashville Pussy. Lemmy les qualifiait de « dernier grand groupe de rock and roll d’Amérique » et ils sont là pour lui faire honneur. Je les ai vus plusieurs fois et j’avoue que je suis impressionnée par leur énergie, sachant qu’ils enchaînent les dates soir après soir et dans tous les pays. La lionne Ruyter Suys aligne les riffs tout en jouant de sa crinière, elle fait des kilomètres sur scène, se couche par terre, monte sur les épaules du type de la sécu, joue avec le public. Elle finit en recrachant son whisky vers le pit et en enlevant ses cordes de guitare pour les offrir quand elle n’a plus de médiators. Bonnie tout sourire à la basse est moins sur la réserve que dans mon souvenir. Le duo Bass/Batt est terrible. Blaine est égal à lui-même.
Quand il troque sa casquette pour son chapeau on sait que c’est pour y verser deux bières et les boire, le jour où il ne le fera plus il faudra s’inquiéter. Le set est bien punchy avec une vingtaine de titres. Ils parlent peu. Leur show est rôdé avec une set-list qui ne varie pas et balaie leurs six albums Pas de surprise donc mais c’est ce que leur fan base attend.
8°6 Crew
Ce groupe de ska reggae officie depuis 1995. Ils sont nombreux sur scène avec deux guitares, la rythmique basse/batterie, un clavier, un chanteur et le duo de cuivres sax/trompette. Le chant est en français, le public connaît les paroles. Ça chante, ça groove et c’est parfait pour terminer la soirée jusqu’à 2h du matin dans une ambiance festive et joyeuse.
C’était encore une belle édition et je remercie chaleureusement Zone 51 pour sa confiance renouvelée. J’ai déjà hâte de revenir l’année prochaine. L’affiche de l’édition 2025 commence à se dévoiler avec Ultra Vomit, Les Sheriff, Ludwig Von 88, Lion’s Law, The Meffs, Le Réparateur, Dirty Fonzy. Et ce n’est qu’un aperçu !