Du Punk-Rock chez les Sangliers Ardennais
1er jour Samedi 6 juillet 2024
Le festival Ardenn’Rock fête cette année sa 12ème édition. Il est niché à la sortie du petit village de Signy – L’Abbaye dans un parc de verdure ombragé au fin fond des Ardennes.
Sa programmation est plutôt Punk Rock, c’est ce qui m’a donné envie d’y aller. Après 3h de voiture sous la pluie j’arrive sous le soleil et là je suis accueillie royalement par César, l’organisation ayant même proposé de me loger. Royal je vous dis.
On arrive sur un site assez grand, avec beaucoup d’espaces sous les arbres pour se poser.
La jauge est de 3000 personnes par jour et il va y avoir du monde car les préventes ont bien marché.
On trouve un village dédié aux exposants (bijoux, sacs, coussins, savons, c’est assez diversifié), une terrasse panoramique pour accueillir la presse et les artistes, deux scènes, les habituels stands pour le merchandising, un grand bar et des stands pour manger. Tous sont beaux, fabriqués en palettes, il y a beaucoup de couleurs, on sent que la décoration a été pensée et travaillée, c’est très joli. Mention spéciale pour l’accessibilité pour tous. Le festival a travaillé avec la fondation Malakoff Humanis pour mettre en place des dispositifs en faveur de l’accessibilité comme j’en ai rarement vus.
Le programme pour cette première journée est bien fourni avec Nosocommies, June, Red Rocket 7, Cartoon Machine, Burning Heads, Opium du Peuple, Poésie Zéro, La Ruda et René Binamé.
Nosocommies
Le premier groupe commence vers 15h sur la scène appelée « La Crête Des Mineurs » devant un public encore clairsemé, le reste étant en train de s’installer au camping ou de chiller dans l’herbe.
Le chanteur demande au public de se rapprocher et nous demande :
« La fin du monde est-elle imminente ? »
… avant d’annoncer un nouveau parti politique : « Le Tout-à-l’égoût ».
Le ton est donné et le Nosocommies enchaîne les titres rock et contestataires comme « Fée d’hiver », « Maguebislamique et gentil nazi », « Claire Chazal », « Sabotage » ou « Anticrudevaine ». J’avoue que je ne comprends pas bien les paroles mais apparemment eux aussi ont des problèmes de son sur scène. Beaucoup de leurs copains sont là – c’est un groupe local – j’ai aperçu le batteur dans la team des bénévoles. Une chenille de punks à crêtes de rouges vertes et bleues démarre et met de l’ambiance. Le concert se termine avec un happy birthday général pour Toto le bassiste.
June
A peine le concert terminé que ça enchaîne avec June mais sur la grande scène appelée « La Fosse Aux Lions ». Alors là, grosse surprise et gros coup de coeur pour ce groupe également Ardennais qui n’a que très peu de concerts à son actif. C’est du Rock Prog/Metal très mélodieux avec des belles lignes de synthé, des guitares saturées, des chœurs polyphoniques et un Vincent qui crie et qui chante avec ses tripes. Le son est excellent, je fais quelques photos et je fais comme tout le monde je vais m’asseoir dans l’herbe au soleil pour les écouter et profiter.
Red Rocket 7
On continue sur « la Crête Des Mineurs » avec le trio Red Rocket 7, une autre formation Ardennaise de Rock Garage Psyché qui existe depuis 2016 et était un duo à l’origine. Le guitariste joue également du clavier au son vintage, les rythmiques sonnent punk.
J’avoue que je n’ai pas écouté longtemps car je croise les copains des Burning Heads qui m’invitent à aller partager leur collation sur la terrasse. Je suis contente de me poser car la journée est loin d’être terminée. Ed et Kristof d’Opium du Peuple viennent nous rejoindre et comme Ed est aussi et surtout le chanteur de Not Scientists, petit scoop, j’apprends qu’ils rentrent très bientôt en studio pour le prochain album. Joie !
Cartoon Machine
Je quitte les copains car Cartoon Machine démarre sur « La Fosse Aux Lions ». Ils arrivent en rouge et noir avec des maillots floqués Cartoon Machine. Ce groupe existe depuis 2013, je n’avais jamais eu l’occasion de les voir et je m’aperçois que j’ai manqué quelque chose ! Ils reprennent des chansons de dessins animés à la sauce Punk Rock, Reggae ou Metal, ça jumpe, ça rigole, le public est à fond et chante toutes les paroles.
En parlant du public il a joué le jeu et je ne compte plus les barbus en robes de princesses, les licornes, les Robin des Bois, Aladin, Minnie, les brocolis, les poireaux et les abeilles géants !
Quand ils attaquent « Notre Dame » en version punk c’est du délire avec les premiers slams de la journée, un circle pit qui soulève beaucoup de poussière, un wall of death avec à gauche les Padawan et à droite Le Coté Obscur de la Force, bref tout y passe.
La sécurité rapatrie les enfants devant les crash barrières pour les protéger des mauvais coups. Les pauvres gosses ont l’air un peu ahuri de voir autant de folie chez des adultes, je pense que leurs parents s’amusent beaucoup plus c’est très drôle à voir !
Burning Heads
Ah enfin je suis trop contente de revoir les Burning Heads car je n’ai pas encore entendu en live les titres de leur dernier et 16ème album « Embers Of Protest » sorti en avril. Je préviens tout de suite je ne suis pas objective du tout c’est mon album préféré de l’année et je l’écoute en boucle. Je ne suis pas déçue car en une heure de set sur les 22 titres joués il y en a 9 sur les 12 de l’album.
Oui 22 titres en 1h car c’est ça les Burning, ça enchaîne, c’est du grand Hardcore mélodique, le public est déchainé et je dois m’éloigner un peu car les bières volent – le shampooing à la bière c’est bon pour les cheveux il paraît.
Ravie aussi de voir que Fra a retrouvé sa voix après l’accident qui avait endommagé ses cordes vocales à l’automne dernier. Tomoï martèle ses futs, il est en grande forme alors qu’il enchaîne les dates avec Lion’s Law son groupe de Oï. Dudu et Mikis alternent les riffs et les arpèges. Jbe a un gros son de basse et comme à son habitude multiplie les jumps, un vrai défi pour les photographes !
Peu de paroles entre les morceaux mais comme on est à la veille des élections les Burning exhortent le public à aller voter. Voilà c’est déjà fini, c’était trop court mais je compte bien les retrouver à l’automne.
Opium du Peuple
Retour sur la grande scène pour retrouver avec grand plaisir les joyeux lurons d’Opium Du Peuple. Cela fait des années aussi que je les suis et je ne me lasse pas de leurs shows déjantés de reprises des standards de la variété française à la sauce Metal ou Punk Rock.
Slobodan et les deux Opiumettes Joeh Delish et Mademoiselle Cœur chantent, hurlent, dansent, changent de costumes, appuyés par un excellent Machine et sa triple grosse caisse, un Kristoff très solide à la basse et les deux guitaristes choristes Gil de La Tourette et Edouardo de La Vega (Ed des Not Scientists). Tout cela avec une énergie contagieuse, le public en redemande et ne se lasse pas de leurs versions de « Voyage voyage », « La Foule », « Les corons » ou « La corrida » et de leur medley final avec du Metallica, du Motorhead, du Blondie ou du Slayer entre autres. Le concert se termine aussi par un Happy Birthday choral à Machine !
Le plus sympa avec eux c’est que comme on se connaît bien je suis invitée à shooter depuis la scène si je veux et j’adore ce point de vue différent qui change des photos habituelles.
Poésie Zéro
Il est 21h30 et Poésie Zéro attaque sur la petite scène. Pas de répit, dès qu’un groupe termine son set sur une scène, ça démarre sur l’autre et je rate une partie du concert car je pars manger pour reprendre des forces !
Comme à leur habitude ils annoncent « un concert de merde » et massacrent « Bella Ciao » et U2. Le public adore ça et hurle les paroles. Comme ils ont été proclamés champions du monde de pogo ils font honneur à leur titre. Je les vois pour la 4ème fois et je les trouve encore plus énervés ce soir, très revendicatifs et les allusions à la situation politique en France sont nombreuses. Poésie Zéro c’est Goose à la guitare (je l’ai shooté l’année dernière avec son autre groupe « Brigada Flores Magon »), des machines et deux frontmen. Ils ont sorti 8 albums depuis 2011 et ne comptent pas s’arrêter là.
La Ruda
C’est la tête d’affiche de cette première journée et le public est très très nombreux, ça devient difficile de circuler. La Ruda (dont l’ancien nom est Ruda Salska, contraction entre Rock, Salsa et Ska) est un groupe emblématique du Ska Rock français et comme ils reviennent après une pause de douze ans à leurs vingt ans de carrière les fans sont au rendez-vous. Dès les premières notes et cela pendant l’heure et demie du concert ça danse et ça chante, les gens sont venus en famille et les huit musiciens dont trois cuivres ne déçoivent pas. Des membres de départ il ne reste plus que Manu à la batterie et Pierre au chant, les deux que je reconnais car je les ai vus dans ma région avec leur autre groupe « Villa Fantôme ».
Je reverrai La Ruda le mois prochain au festival WATTS A BAR. (55)
René Binamé
Il est minuit quand le groupe Belge René Binamé arrive sur la scène de « la Crête Des Mineurs ». C’est un power trio anarcho-punk avec un batteur chanteur qui joue pieds nus, un guitariste et un bassiste. Les paroles sont engagées, le batteur nous explique les grèves de juillet 1936 ou celles de 1961 en Belgique d’où il a tiré son inspiration. Il ne tape pas fort sur ses fûts et je remarque surtout son beau T-shirt d’Angelic Upstairs ! Les familles sont parties et il reste les irréductibles qui ont envie de faire la fête jusqu’au bout de la nuit.
De mon côté je pars manger une part du gâteau d’anniversaire de Machine et je ne vais pas tarder à aller dormir car je suis gelée -et oui il fait à peine 8° – et une longue journée m’attend demain !