Un final en apothèose
Nous voilà dans la dernière journée du Heavy Week-End de Nancy, … nous sommes prêts pour de nouvelles sensations musicales.
Ayron Jones
Le soleil est là pour la dernière journée du Heavy Week-End qui commence avec le rock à fleur de peau d’Ayron Jones. Pendant que Tyrone Lovelace à la basse saute partout et que Matthew Jaquette le guitariste multiplie les poses et les smiles devant les photographes et le public, Ayron avec sa voix cassée qui effleure la soul nous déroule un set de quarante minutes plutôt calme avec des chansons remplies d’émotion brute où fusionnent les influences de Kurt Cobain (de Seattle comme lui) et de Jimi Hendrix. Il nous gratifie d’ailleurs d’une splendide reprise de « Smells Like Teen Spirit ».
Ses musiciens ont fini la soirée dans la fosse mêlés au public pour profiter des concerts suivants et j’ai même eu un hug de Matthew en passant !
Ayron Jones et sa casquette avec l’inscription « FILTHY » (Crasseux) en lettres dorées qui est un des titres de son dernier album m’a donné envie d’aller découvrir un peu plus son univers, c’est ce que j’aime dans les festivals, oui on vient pour les têtes d’affiche mais on fait aussi de belles découvertes.
Tom Morello
Alors là carrément je l’attendais ce concert ! Encore un génie de la six cordes avec Tom Morello, les riffs ravageurs de Rage Against The Machine, Prophets of Rage et Audioslave c’était lui.
Un virtuose de la guitare, l’inventeur du mix funk/punk/hip-hop nous livre une performance incroyable avec des titres accrocheurs voire tubesques. Sur certains – comme me le fait remarquer Mimi des Flying Donuts que je croise peu après – Tom joue encore sur sa guitare de 1992 avec l’inscription « Arm the Homeless ».
On a droit à deux medley de RATM, même si pour une histoire de droits d’auteur Tom ne chante pas et c’est le public qui reprend en chœur « Killing In The Name ». Ça danse dans le pit, les chœurs du bassiste et du guitariste sont chouettes, Tom lance un « Now it’s time let’s go to jump ! » et là c’est la folie, il fait lever les gradins jusqu’ici peu réactifs, reprend aussi « Kicks out The jam » des MC5.
Tom est un artiste engagé, chaque chanson est illustrée par l’artiste Chris Anthony sur un backdrop différent représentant des allégories d’une beauté percutante. Il finit un titre en jouant avec les dents et on voit « Ceasefire » (Cessez le feu) inscrit derrière sa guitare. Grosse émotion aussi quand il reprend une chanson du regretté Chris Cornell dont la photo apparaît derrière la scène. Le concert se termine avec « Power To The People », ce set d’une heure était trop court !
Alice Cooper
On ne va pas se mentir, ce soir le public est venu pour voir Alice Cooper et Judas Priest.
Comme la veille, l’organisation a décidé de laisser tout le public accéder à la fosse d’orchestre, depuis les gradins.
Même si certains se plaignent qu’Alice Cooper nous serve un show un peu réchauffé c’est une première pour moi et je suis complètement bluffée par cet univers gothique, provocateur et dérangeant, un set d’1h30 très rock, précis et millimétré avec d’excellents musiciens : 3 guitaristes (Tommy Heriksen qui officie aussi dans Hollywood Vampires, Ryan Roxie et la solaire et talentueuse Nita Strauss), Chuck Garric à la basse et Glen Sobel le batteur-jongleur. Pour faire court Alice Cooper sur scène c’est un décor baroque, une cravache, une épée, une béquille, 2 sbires masqués, une camisole de force, un boa (vivant oui), une guillotine, un Frankenstein géant, des ballons, une canne (lancée à un fan du premier rang qui ne doit pas s’en être remis), une poupée à taille humaine maltraitée plusieurs fois, une tribune politique (« Cooper for President »), des changements fréquents de veste et de gilet, une performeuse (sa fille), bref après soixante ans de carrière le maître du macabre conserve sa voix puissante et possède une forme bien meilleure que tous les vétérans du rock venus au Heavy Week-End.
Alice Cooper termine sur un « C’est bon de revenir en France » et conclue « Que vos cauchemars soient horrifiques ».
Judas Priest
Dernier concert du week-end, je ne suis pas très fan du groupe Judas Priest et je reste pour me faire une idée mais difficile de passer après Alice Cooper. Mais les fans sont là et ne sont pas de mon avis. On change complètement de registre, place au cuir, aux clous, aux chaînes, aux flammes et à la croix emblématique du groupe en version géante et lumineuse dans un arrière-plan filmographique. Le groupe aux cinquante ans de carrière et aux dix-neuf albums déroule « Invisible Shield » sorti en mars dernier, ainsi que ses titres cultes. Les deux guitaristes ont un jeu de scène assez dynamique, Scott Travis le batteur est souriant, son jeu de double pédale de grosse caisse est redoutable, Rob Halford au chant me semble avoir la voix un peu diminuée et met beaucoup d’effets dessus. Il disparaît souvent dans le fond et au final revient en Harley sur scène dans un déluge de feu. C’est un peu too much pour moi mais ça fonctionne !
Voilà le Heavy Week-End se termine, il a tenu toutes ses promesses. Un grand merci à Olivier Garnier pour son accueil bienveillant, on a pu shooter dans d’excellentes conditions, c’est assez rare pour le souligner.
J’attends déjà la deuxième édition !
En espérant que l’event soit pérennisé !!