« Si tu ne viens pas au Hellfest, le Hellfest viendra à toi ! »
Le Hellfest Warm-Up Tour, véritable tour de France des salles de concerts, repart sur les routes de l’Hexagone en mars 2025 !! | Martine Varago.
La Conférence de presse sur le Hellfest Warm-up 2025 était organisée dans les locaux de Gérard Drouot Productions à Paris ce jeudi 9 janvier. Eric « Rikoo » Perrin, directeur de la communication du Hellfest et Camille Contreras, chanteuse du groupe Novelists répondent aux questions de la vingtaine de journalistes présents pour l’occasion.
Cette année, le Warm-up va traverser seize villes mais pas une seule ville à l’étranger. Est-ce un choix volontaire ? pourquoi ne pas retourner en Suisse comme l’an dernier ?
Éric Perrin : Ce n’est pas un choix volontaire mais lorsque nous organisons la tournée du Warm-Up on regarde avant tout quelles sont les opportunités, quelles sont les disponibilités des groupes, quelles sont les salles qui ouvrent leurs portes en fonction de notre routing. On choisit plutôt des pays francophones comme la Suisse, la Belgique mais il n’y a pas vraiment de volonté de réaliser de Warm-up à l’étranger. Il y a une très grande majorité de groupes français et on a un public à très grande majorité française. On est plus dans une opération qui vise à aller se connecter avec le public et aller chercher ceux qui ne peuvent pas venir au Hellfest. Nous n’avons pas besoin d’aller dans d’autres pays européens pour aller chercher du public.

Question sur la programmation : les villes de Clermont-Ferrand et de Lyon n’y figurent plus au profit des verts stéphanois. Pourquoi avoir choisi Saint Etienne ?
EP : On est plus Saint-Étienne que Lyon au foot ! (Rires) Non, non, cela dépend des disponibilités des salles et de l’instant où l’on passe dans le secteur. L’idée est de se donner environ un rayon de 100 à 150 km entre deux étapes de Warm-up pour ne pas avoir de « compétition » entre 2 villes.
Donc, en ce qui concerne Clermont, nous y sommes déjà passés trois années de suite. Et Lyon, on n’a pas pu le faire car la salle du Ninkasi Kao est en travaux. On espère pouvoir y retourner en 2026.
Comment choisissez-vous les groupes qui participent à la Warm-up ?
EP : D’habitude, notre choix était porté sur des groupes à forte notoriété avec une fanbase solide et qui avaient beaucoup tourné en France. Cette année, nous allons plutôt faire l’inverse. On va prendre des groupes qui sont un peu plus rares en France et qui ont une notoriété à construire. Nous les programmerons également sur le HELLFEST 2025.
Cela permet de donner un aperçu de ce que propose le Hellfest ; ce qui fait plus de sens à la fois pour les groupes, l’organisation et pour le public. Cela apporte un côté unique à cette tournée : pour ceux qui vont au Hellfest, c’est un aperçu de trois groupes et pour ceux qui ne peuvent pas venir au Hellfest, cela leur permet d’avoir un mini aperçu de ce qui se passe au Hellfest. On est heureux d’avoir choisi des groupes qui se complètent bien, qui ne sont pas dans le même style musical. On ne voulait pas faire tourner des groupes uniquement punk ou metalcore mais montrer la diversité des genres musicaux du Hellfest.
On a choisi Novelists parce qu’ils ont une grosse actu en ce moment et qu’ils sont le fer de lance de la scène française modern metal / metalcore et Nervosa quatuor 100% féminin parce qu’il y a ce côté thrash/Death « made in Brasil » qui parle peut-être un peu plus aux anciens comme on dit. Les britanniques de Skindred et leur Ragga Metal survitaminé seront présents pour les deux dernières dates, à Paris (Elysée Montmartre) et Nantes (Warehouse).
Lors de ce Warm-up, nous aurons l’occasion de découvrir deux groupes : Novelists et Nervosa (3 avec les britanniques de Skindred pour les deux dernières dates). Comment toi, Camille, abordes-tu ces seize dates ?
Camille Contreras : C’est une fierté, en tant que musicienne de metal français, de porter le flambeau lors de cette tournée. Novelists tourne beaucoup à l’étranger et beaucoup moins en France. Cela nous permet de conquérir le public français. Nous sommes très excités à l’idée de jouer en France, surtout avec la casquette « Hellfest ». On pense également que le public qui va venir ne connaît pas forcément Novelists et cela fera, pour eux, une occasion de nous découvrir.
J’aimerais aussi connaître Camille le regard que tu portes sur la scène metal féminine au niveau national et international ?
CC : C’est une fierté de voir de plus en plus de femmes dans la musique metal et c’est motivant et inspirant d’avoir des têtes d’affiche féminines. Le Hellfest nous donne justement l’opportunité de pouvoir monter sur scène et d’être à égalité avec les hommes. C’est bien que le Hellfest fasse la part belle au metal féminin. … Et on pourra partir en tour en bus avec des filles : ça change car y’a toujours des mecs.
EP : Cette journée féminine, ça nous tenait vraiment à cœur de pouvoir la proposer sur l’affiche du festival. On n’est pas dans une logique de quotas à remplir. On traite vraiment sur un pied d’égalité les artistes. Il y a encore un problème de visibilité des femmes sur la scène metal et nous sommes obligés d’avoir recours à cette journée spéciale pour montrer que les femmes tiennent la scène parfois mieux que certains groupes masculins.
L’idée, c’était également de montrer cette diversité dans le metal. Donc, là, nous allons partir sur du sympho, du metalcore, du rock, du heavy,… La journée du vendredi va être consacrée à différents styles avec comme directive des femmes dans les groupes. L’idée, c’est aussi d’envoyer un signal fort : celui de montrer aux jeunes filles qu’elles peuvent devenir une rock star et faire n’importe quel style de musique.
CC : Un jour, lors d’un concert aux États-Unis, une petite fille de 8-9 ans est venue me voir à la fin d’un concert et m’a dit : « Je veux faire comme toi plus tard. Je veux monter sur scène ! ». C’est un peu la consécration. Quand j’étais petite, il n’y avait pas forcément de modèle dans le metal auquel je pouvais m’identifier. Je trouve que c’est inspirant pour les futures générations.
Je voudrais revenir sur ton arrivée dans Novelists. Est-ce que la symbiose a été facile et, par extension, est-ce que ça a modifié la façon de jouer du groupe, de composer et d’apporter une dynamique différente sur scène ?
CC: La symbiose a été facile. On a fait des tests avant que je rentre dans le groupe pour voir si on pouvait fonctionner ensemble et cela s’est très bien passé. En ce qui concerne la manière de jouer du groupe, elle a changé non pas parce que je suis une femme mais parce que je suis une personne différente de l’ancien chanteur avec sa propre créativité.
L’an dernier, vous avez proposé une date assez exceptionnelle à la Philharmonie de Paris. Est-ce qu’à l’avenir vous allez proposer d’autres dates dans des lieux insolites ?
EP : C’était une occasion particulière parce que c’était le lancement de l’exposition Metal. Cette année, on n’a pas eu malheureusement d’occasion similaire et cela dépend vraiment des opportunités que l’on peut saisir. On aime bien ces petits apartés : c’est toujours agréable d’être acceptés dans des institutions telles que la Philharmonie. Cela montre que le metal se démocratise et qu’il est de plus en plus accepté dans la culture générale. Il me semble qu’on a encore du travail à faire là-dessus. On réfléchit aussi à réaliser des choses sur lesquelles on ne nous attend pas.
Le process de travail de Novelists a jusqu’à présent toujours était ancré dans le « do it yourself » avec une liberté artistique complète. Est-ce toujours le cas ?
CC : C’est toujours le cas pour tout : les lumières, le son et bien sûr la création des morceaux. Mais pour la scénographie du Warm-up, on va se greffer sur la scéno du Hellfest pour justement porter le flambeau du Hellfest.
EP : L’idée n’est pas de faire un concert que l’on pourrait voir dans d’autres salles mais, de vraiment développer, une scénographie propre au Hellfest avec des invités comme Nervosa et Novelists.
Camille, comment fais-tu pour gérer toute cette pression en travaillant parallèlement dans un laboratoire et en préparant une tournée, un album et des festivals comme le Hellfest ?
CC : Je suis ingénieur-chimiste de formation et la pression pèse plutôt au labo. J’ai un labo de cosmétiques et donc je jongle entre ça et les tournées. Quand je suis en tournée, je vis mon rêve et donc je n’ai pas de pression. Je suis contente d’aller sur scène : c’est ce que j’aime faire. Quand je rentre, j’ai toute la surcharge de travail que je n’ai pas réalisée pendant quelques semaines. Mais là, je suis en train de commencer à réduire les contrats pour pouvoir me consacrer uniquement à Novelists.
Les metalleux ne sont pas imposés à l’ISF. Est-ce que les prix des entrées de la tournée ont été démocratisés pour les métalleux de France et de Navarre ?
EP : Nous n’organisons pas entièrement la tournée. Nous sommes aussi producteurs, contrairement au festival où nous organisons tout de A à Z. La billeterie n’est pas émise par le Hellfest pour les dates de concerts. Ce sont les salles qui décident des prix par rapport au coût de la soirée à organiser et en fonction de leur jauge. En France, on a la chance d’avoir des structures appelées des SMAC (scènes des musiques actuelles) qui sont subventionnées et qui ont dans leur politique de faire des prix attractifs et d’absorber les coûts d’organisation pour ne pas avoir à mettre tout sur le dos du public. Cela permet d’avoir des prix allant de 20 à 25 € pour les concerts pour accéder à la soirée Warm-up du Hellfest. Là-dessus, on fait aussi des efforts pour ne pas avoir un plateau trop important et cela permet au public qui n’a pas ou plus les moyens d’aller au Hellfest de profiter d’un concert de qualité. On a la chance d’avoir un paysage culturel avantageux en France par rapport aux États-Unis et à d’autres pays européens où les politiques tarifaires ne sont pas les mêmes.
Est-ce qu’il y aura du merch à vendre ?
EP: Le Warm-Up Tour c’est une caravane ambulante de seize dates en France avec un tour bus.
En plus des concerts habituels, il y aura chaque soir un grand concours de Air Guitar pour faire gagner les derniers pass du Hellfest.
Il y a également une collection de merch collector ainsi que des goodies, accompagnés par un photocall aux couleurs du festival sur chaque date.
Le Warm-Up Tour est l’occasion parfaite de rassembler la communauté du Hellfest autour d’une soirée dans l’univers et l’ambiance du festival !
C’est un format que l’on apprécie beaucoup car cela nous permet d’avoir des retours qualitatifs autres que ceux des réseaux sociaux et d’améliorer le festival.

Il y a des groupes d’hommes, il y a des groupes de femmes mais peu de groupes mixtes avec une frontgirl et des mecs derrière. Il existe aussi le mouvement « more women on stage ». Est-ce que tu sens que les mentalités ont évolué et que la mixité se développe dans les groupes ?
Camille Contreras : J’en suis persuadée. Lorsque je suis arrivée il y a un an et demi, j’avais l’impression que cela choquait un peu plus et maintenant c’est de plus en plus accepté. À titre personnel, pour Novelists, on n’a presque plus de haters qui disent que les filles ça ne doit pas crier sur scène et on le voit même dans les programmations.
En France, on pense qu’une fille doit apporter de la douceur ! Est-ce que toi, tu l’as ressenti différemment dans d’autres pays ?
CC : Je pense que c’est un peu partout pareil mais cela évolue. Les lives sont la meilleure manière de convaincre ces personnes-là pour montrer que l’on peut être autrement que douce et tranquille. Il y a beaucoup de personnes qui viennent à la fin des concerts et nous disent : « je n’étais pas très chaud avant de venir mais je suis convaincu du live : ça envoie ! » C’est la meilleure réponse que l’on peut leur donner : « Venez au concert et vous verrez ! ».
Pour Novelists : Est-ce qu’il y a quelque chose de prévu en terme de sortie ? Avec qui ? Quand ?
CC : Il y a un album qui va sortir cette année. Vous en saurez plus fin janvier. On annoncera ça comme il se doit. L’actu, c’est qu’on va faire le Warm-up (rires) et il y aura des nouveaux morceaux pendant cette tournée. Et encore des nouveaux morceaux au Hellfest.
Je crois qu’il faut préciser que vous ne jouez pas pendant la journée féminine, le vendredi. The Warning joue sur la scène de Muse et vous sur la scène de Linkin Park.
CC : On joue le dimanche et il y a des femmes qui peuvent jouer.
Eric Perrin : On a une quarantaine de formations avec au moins une femme dans le line-up pour cette année. C’est encore plus que l’an dernier, donc cela montre une évolution dans la scène. On peut penser qu’il y aura de plus en plus de femmes sur scène.
Camille, vous avez tourné sur scène dans les quatre coins du monde. Est-ce qu’il y a un moment marquant sur scène ou un pays qui t’a marqué plus que d’autres ?
CC : C’était en Chine et notamment, à Shanghai, car c’était le premier concert. J’avais vu sur le public et j’ai vu tous ces Chinois rassemblés, serrés. Les premières chansons commencent puis ça ne faisait que sauter et des Hey ! Hey ! Il n’y a pas beaucoup de groupes étrangers qui viennent jouer en Asie et c’était un moment très marquant. J’ai ressenti des frissons sur scène quand je suis rentrée et c’est pour ça qu’on fait de la musique !
Il y a le Warm-Up, puis le Hellfest … serait-il possible d’organiser un autre event en septembre, une sorte de retour en enfer ?!
Eric Perrin : Si on avait le temps, ce serait cool ! Un petit festival à organiser tous les ans, ça prend un peu de temps. C’est déjà assez complexe pour une tournée et organiser un festival, ce n’est pas possible car on n’est pas une équipe extensible. C’est pour ça aussi qu’on a voulu décaler cette année au mois de mars au lieu du mois d’avril. Parce que cela ne devenait pas trop vivable en terme de planning pour tout le monde et ça faisait aussi beaucoup d’actu concentrée sur les trois derniers mois et on a voulu espacer un peu plus. On ne va pas faire un festival en plus en septembre. On a déjà fait une braderie sur le site du festival fin novembre. On va plus réfléchir à quelque chose sur la fin d’année. En plus, en septembre, on est en plein sur la programmation, donc on a d’autres priorités.
En ce qui concerne le Hellfest et la Warm-up, quel est le rétro planning pour organiser ces events ? Est-ce que en un an vous arrivez à tout condenser ou bien est-ce que tout se prépare au-delà d’un an pour le choix des groupes, les accroches, l’organisation, la programmation, etc… ?
EP : Pour la Warm-up 2025, j’ai commencé à travailler dessus il y a quasiment un an pendant la tournée de 2024 pour prospecter quelques salles et savoir si elles étaient intéressées par le projet sans avoir vraiment d’esquisse pour la programmation. Tout s’est réellement concrétisé entre juillet et septembre. C’est un tout autre métier d’organiser une tournée par rapport à un festival. C’est une dynamique qui se met en place en parallèle du Hellfest mais qui est totalement différente. J’ai travaillé pour les SMAC et j’avais déjà quelques repères. C’est un projet qui prend du temps. On est contents de le voir aboutir, de voir que les salles se remplissent. C’est cool ! ça montre aussi qu’il y a de l’intérêt de faire ça. Très clairement, il n’y a pas vraiment d’objectifs financiers pour cette tournée. L’idée, c’est de maintenir un lien et d’offrir des activités, de l’actualité pour le public qui est partout en France.
La priorité de Hellfest Production, c’est d’organiser le festival et on se permet d’organiser la Warm-up parce qu’on a réussi à dégager un peu de temps et de moyens pour le faire. L’activité principale reste le Hellfest.
Depuis quelques éditions, le Hellfest élargit ses lignes de frontière dans la programmation entre le rock et le metal. Si la genèse de l’ADN du festival s’est fondée sur ce style de musique extrême (rock, metal), quels sont, aujourd’hui, au vu de l’évolution de l’affiche, les nouveaux enjeux et les nouvelles perspectives pour le festival ?
EP : Les enjeux, c’est de suivre l’actualité de cette musique. Elle est toujours en mouvement et bien vivante. Le metal n’a jamais été aussi puissant et vivant que maintenant. On le voit avec des événements comme Gojira aux JO, l’arrivée de toute une nouvelle génération de groupes comme Slipknot, des retours comme Linkin Park. On fait quelques petits pas de côté pour la programmation et on l’assume complètement. C’est un choix délibéré parce qu’on n’a pas pour vocation à faire passer Iron Maiden tous les ans ou Scorpions même si ce sont des groupes que l’on adore et que l’on aime accueillir.
Chaque année, on essaie d’amener quelque chose de neuf : on est à 57 % de nouveaux groupes qui viennent pour la première fois.
Pour nous, c’est une statistique qui nous apporte beaucoup parce qu’on veut vraiment montrer qu’il y a des groupes qui ne sont jamais passés même si certains pensent que tous les groupes sont déjà venus. Pour reprendre l’exemple de Muse, c’est un groupe que j’écoutais quand j’étais au lycée. Les deux premiers albums sont très rock / rock alternatif. Il y a eu ensuite un virage un peu pop qui a fait couler beaucoup d’encre. Mais je pense que le dernier album est assez costaud. Ils ont joué dans d’autres festivals avec des groupes de metal et ça passe très bien. Je les ai vus il y a deux ans en Californie, ils ont fait des interludes avec des reprises de Rage Against The Machine et de System of A Down et de Slipknot. Avec le recul, quand on voit des groupes comme Shaka Ponk, ça fait couler des centaines de commentaires et le jour J du concert, c’était rempli !
Une question technique pour Camille : tu as une voix extraordinaire et tu peux passer du chant clair au scream. Comment y parviens-tu d’une façon si naturelle ?
CC : Je n’ai jamais pris de cours de chant mais depuis toute petite j’ai fait du violoncelle et du piano. Pour être honnête, j’ai appris le cri dans ma voiture sur l’autoroute, fenêtres fermées ! Comme ça, je pouvais tester les cris pour voir ce que ça donnait. Je pense que j’ai trouvé la petite technique pour ne pas m’abîmer la voix, pour pouvoir faire plusieurs concerts d’affilée. Et là, on en a fait seize dont six dates d’affilée avec un jour off. Donc, il faut protéger sa voix. Pour passer du son clean au son scream, cela fait un peu mal mais il faut encore plus se concentrer quand on repasse à la voix claire.
Est-ce que vous vous limitez pour la tournée du Warm-Up à un nombre de dates ?
EP : On se limite à une quinzaine de dates, donc 15 jours de concerts. Il faut ajouter aussi les jours de résidence, les jours off, les jours pour décharger, les jours pour se reposer ; cela prend quasiment trois semaines. Pour la taille des villes, on passe aussi dans des petites villes comme Chalon-sur-Saône, Morlaix. Ce sont un peu des territoires oubliés. Dans les tournées, c’est important de programmer ces villes-là. Cela nous fait plaisir de nous déplacer dans des lieux reculés ; de plus, ils n’ont pas vu un concert de metal depuis deux ou trois ans. Les gens sont vraiment au taquet pour voir des groupes, n’importe quel style de rock parce qu’ils savent qu’ils ont la chance d’avoir une soirée. Dans les grandes villes, il existe une offre culturelle à profusion. Donc, c’est cool d’aller dans les territoires culturels un peu oubliés. Le fait d’être sur le territoire du Vignoble Nantais nous permet de nous rappeler qu’on vient d’une petite ville un peu oubliée et qu’il ne faut pas oublier les autres.
On voit de plus en plus d’actualité sur la charge mentale des artistes, des sportifs aussi. Quelles sont les mesures mises en place par le Hellfest et à commencer par la Warm-up à ce sujet ?
EP : C’est un sujet important sur la Warm-up. On essaie de rendre agréable cette tournée en groupe (quand on les choisit) parce qu’il faut les séduire pour s’embarquer avec nous dans cette aventure. D’avoir l’étiquette Hellfest, parfois cela peut être un peu dur à porter. On fait des efforts pour que leurs préoccupations soient de jouer, de monter sur scène ou de chanter. C’est un point d’orgue dans l’équipe pour qu’il n’y ait aucune autre charge comme pousser des caisses, monter la scène. On essaie de les chouchouter pour qu’ils puissent passer une très bonne expérience ; ça se sent aussi sur scène quand un groupe est bien sur la route.
CC : On a hâte de faire cette tournée Warm-up. On va partir pendant six semaines en tournée en minibus. On en parle entre nous, que l’on va être chouchoutés : les conditions sont vraiment agréables. L’étiquette Hellfest, c’est plus une fierté que quelque chose de difficile à porter !
Comment s’est passé le brainstorming qui a débouché sur la Warm-up ? En dehors du côté apéro (rires), est-ce que vous vous êtes dit : « l’idée est d’aller faire connaître le Hellfest à ceux qui ne nous connaissaient pas et d’apporter un petit bout du Hellfest ailleurs ou bien est-ce que c’est le fait de fidéliser les fans du Hellfest offrant quelque chose en plus durant l’année ou encore consoler ceux qui ne peuvent pas venir ou les trois à la fois ?
EP : Je n’étais pas encore là en 2016 quand on a décidé de lancer cette tournée. Mais ce sont les trois à la fois. L’idée, à la base, c’était quand le Hellfest commençait à être complet sans même annoncer les groupes. Le festival annonçait complet en octobre et il ne se déroulait qu’en juin donc on s’est dit : « Qu’est-ce qu’on fait entre les deux ? » L’idée, c’est aussi d’avoir de l’actualité autour du festival. Elle est venue du fait qu’il y avait de la frustration de ne plus avoir de place. Comment peut-on amener un lot de consolation sans que ça résolve le fait de ne pas avoir de place ? Pour nous, c’est aussi garder un lien.
Le Hellfest n’en serait pas là aujourd’hui si on n’avait pas un public fidèle et qui nous fait confiance en achetant des billets. Une relation, ça s’entretient.
Ce n’est pas qu’être présent tout le long de l’année sur Internet, c’est aussi partir à la rencontre du public, sortir du bureau. C’est important pour nous de montrer qu’on est là. On a à cœur de présenter la scène française et des groupes que l’on a envie de prendre sous notre aile. Je suis conscient que l’on a besoin de cette tournée pour faire vivre le festival. Cela crée un lien réactif entre l’organisation et le public.